Trains automoteurs électriques en teck de l’Ouest

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Rame 5000 Meudon
Une rame tractée par un locomoteur 5000 à Meudon – Collection B. Bretelle.

Dans la revue Histoire Ferroviaire N°1 de mars 2023, Christian Berninger a publié un article sur le début des électrifications par la Compagnie de l’Ouest prévues lors de l’Exposition universelle de 1900.

Ce fragment documentaire a pour ambition de compléter l’article de la revue et de présenter les compositions de trains en question comprenant essentiellement des matériels « teck ».

 Les principaux matériels évoqués dans ce fragment sont :

  • Les automoteurs pour trains électriques légers.
  • Les motrices Thomson type 1901.
  • Les motrices Sprague type 1901.
  • Les voitures de 1re cl. (à lanterneau ou non).
  • Les voitures de 2e cl.
  • Bien qu’ils ne soient pas « teck », les tracteurs série 5000 (ils ont tractés les « teck »).
HF N°1
Carte matériels banlieue teck

Les automoteurs légers n’ont circulé entre les gares Champ-de-Mars et Invalides que le temps de l’Exposition.

Les rames Thomson et Sprague ont circulé en service commercial sur la ligne Invalides – Versailles-Rive-Gauche de 1901 à 1914, supplantées par un nouveau matériel métallique : les automotrices type 1912 ou de 1re série. Seul le matériel Sprague a subsisté au delà, les deux motrices avec fourgon étant transférées sur la ligne reliant Saint-Germain-en-Laye-État à Saint-Germain-Grande-Ceinture, où la dernière motrice a terminé son service en 1937. 


Essai des motrices du train automoteur léger au Champ-de-Mars en 1900 – Cliché DR – Collection Frédéric Jeantaud.

En prévision de l’Exposition universelle de 1900, la ligne des Moulineaux est prolongée du Champ-de-Mars à l’esplanade des Invalides.

Pour le service spécial entre Champ-de-Mars et Invalides, la Compagnie de l’Ouest est amenée, dans l’urgence, à mettre en place des navettes de trains légers automoteurs électriques.

Ces trains sont constitués sur la base de trois à quatre voitures de 2e cl. parmi les B 9001 à 9046 et Bf 9101 à 9115.

Les voitures d’extrémité sont motrices et disposent de trois essieux (deux essieux moteurs et l’essieu central porteur).

L’une de ces motrices à trois essieux était la voiture « teck » B 9001, le numéro des autres motrices n’étant pas connu.

La faible puissance des rames (60 ch) et l’arrivée des rames Thomson / Sprague et des locomoteurs 5000 font que la motrice 9001 et ses sœurs non identifiées sont démotorisées en 1902.

Plan du projet d’automotrice pour train léger automoteur – dessin J. Defrance – Collection Defrance-Redoutey.

Composition du train automoteur léger


La rame Thomson est mise en œuvre en 1901 et commence son service sur la ligne Invalides – Versailles-Rive-Gauche qui est enfin prête en mai 1902.

Elle est constituée des éléments suivants :

  • Deux motrices d’extrémité (BDfy 9035 et BDfy 9036).
  • Quatre voitures de 2e cl. ou moins dans la série B 9001 à B 9040).
  • Deux voitures de 1re cl. (A 2506 et A 2507).

La rame est constituée, selon les besoins, de six à huit véhicules.

Train Thomson en composition courte à 6 voitures à Issy-Ville – Collection particulière.
Plan d’une voiture 2e cl. banlieue de l’Ouest – Encyclopédie des voitures de la SNCF.

Chaque motrice d’extrémité est équipée de deux bogies et de quatre moteurs GE 51, ce qui procure à la rame, une puissance totale de 640 ch. Les bogies sont des Brill truck nr 27 avec des roues de 1,08 m de diamètre.

Elle comporte une partie fourgon (quatre petites baies) et une partie 2e cl. accessible aux voyageurs (les six autres baies).

Le poste de conduite est du côté fourgon.

Les voitures de 2e cl. B 9001 à 9006, 9008 à 9010, 9014, 9018, 9026, 9027, 9037 à 9040 ont reçues l’éclairage et le chauffage électrique. Elles ont également été dotées d’une ligne de train destinée à relier les motrices d’extrémité (voir le plan ci-dessus).

Les voitures de 1re cl. A 2501 à 2507 ont également reçu cet équipement électrique.

Compte tenu des difficultés à moduler la rame (le dimanche est le jour le plus chargé de la semaine : les parisiens vont au château de Versailles ou au bois de Chaville ou de Meudon) et de la puissance insuffisante de la rame, les motrices sont démotorisées vers 1915 et remises au type (voiture de 2e cl. B 9001 à 9040).

Rame Thomson complète de huit voitures – Collection particulière.

Rame Thomson en composition courte

Rame Thomson en composition longue


En gare de Meudon-Val-Fleury, train constitué exceptionnellement de la rame prototype Thomson-Houston de l’Exposition Universelle de 1900 et de la rame Sprague au complet mais avec motrice « intermédiaire » B 9019 en position menante pour le retour vers Paris-Invalides – Collection Luc Fournier.

La rame Sprague est constituée en 1901 et commence son service sur la ligne Invalides – Versailles-Rive-Gauche qui est enfin prête en mai 1902.

Elle est constituée des éléments suivants :

  • Deux motrices d’extrémité (BDfy 9011 et BDfy 9017).
  • Une motrice intermédiaire sans fourgon Bfy 9019, prévue à l’origine pour être utilisée en milieu de rame mais pouvant être motrice menante.
  • Quatre voitures de 2e cl. dans la série B 9001 à B 9040.
  • Deux voitures de 1re cl. (A 2504 et A 2505).

Comme pour la rame Thomson, les motrices d’extrémité comporte un fourgon et un compartiment voyageur.

Elles sont à adhérence partielle, munies de bogies Mc Guire dont l’un est simplement porteur et l’autre moteur, équipé de deux moteurs GE 55 de 150 ch. La puissance totale disponible est de 900 ch pour la rame complète.

Les bogies ont des roues de 0,85 m de diamètre.

Diagramme d’une motrice BDf avant installation du rhéostat dans un lanterneau – dessin J. Defrance – Collection Defrance-Redoutey.
Diagramme de la motrice intermédiaire B 9019 – dessin J. Defrance – Collection Defrance-Redoutey.

La motrice intermédiaire Bfy 9019 dispose des mêmes caractéristiques mécaniques que les motrices d’extrémité.

Elle n’a pas de compartiment fourgon et est entièrement destinée à accueillir des voyageurs.

Pouvant être motrice menante sur l’un ou l’autre des deux segments de la rame, elle est munie de deux postes de conduite complets.

La rame Sprague a survécu à la rame Thomson, mais comme elle, sera chassée progressivement de la ligne des Invalides par les automotrices de la 1ère série arrivées en 1912.

La motrice intermédiaire ne fait plus partie du parc en 1927, celles d’extrémité trouvent un dernier usage sur le raccordement entre Saint-Germain-État et Saint-Germain-Grande-Ceinture.

Rame Sprague courte entre Issy-Plaine et Issy-Ville – Collection particulière.

Rame Sprague en composition d’origine

Rame Sprague en composition courte

Rame Sprague en composition longue


Pour l’électrification de la ligne nouvelle de la gare des Invalides à celle de Versailles-RG, la Compagnie de l’Ouest mise tout d’abord sur des trains classiques tractés, d’où la commande de dix locomoteurs 5001 à 5010 à la Société Anonyme de Locomotion Électrique.

À partir de 1928, ces locomoteurs ont été utilisés sur la ligne des Moulineaux (entre Issy-Plaine et Puteaux). Occasionnellement, ils ont tracté jusqu’en 1937, la navette de Saint-Germain.

Train en gare de Meudon-Val-Fleury avec locomoteur 5000, mais aussi avec deux 1re cl. à lanterneau A 2501 à 2503 – Collection particulière.
Diagramme des locomoteurs 5000 – Les chemins de fer électriques, 1904, Cnum.cnam.

Ces engins sont constitués de deux cabines de conduite encadrant un fourgon (ce sont donc des fourgons automoteurs).

Ils pèsent presque 51 t et sont munis de deux bogies moteurs avec des roues de 1,3 m de diamètre.

Leur puissance de 480 ch leur permet de tracter une charge de 140 t en rampe de 10 ‰. Leur vitesse est limité à 80 km/h.

La composition des rames tractées comprend généralement :

  • Des voitures « teck » de 2e cl. série 9000.
  • Des voitures « teck » de 1re cl. série 2500 (normales ou à lanterneau).
  • Un ou deux fourgons aux extrémités.

Ces locomoteurs ont également tracté des rames de voitures à portières latérales encadrées par des fourgons.

Neuf des dix locomoteurs d’origine subsistants sont modifiés à partir de 1928 avec l’équipement électrique des automotrices type 1912 1re série (appareillage de commande Sprague-Thomson et moteurs Jeumont ou Westinghouse) afin d’assurer des services en réversibilité avec voitures en teck sur la ligne des Moulineaux, allant même, de 1928 à 1933 au-delà de Puteaux jusqu’à Paris-Saint-Lazare.

Ces voitures en teck seront remplacées par des voitures Talbot sur le service Issy-Plaine – Puteaux, rames elles-mêmes chassées par des rames automotrices 2e série. Les derniers locomoteurs seront radiés par la SNCF en 1952.

Train avec locomoteur 5000 sur Champ-de-Mars – Invalides en 1910


Vue de la ZABEyf 23002 État, sur la voie terminus de Saint-Germain-GC – Collection particulière.

Les motrices Sprague BDfy 9011 et 9017, renumérotées ZABEyf 23001 et 23002 par l’État, assurent un service de navette entre Saint-Germain-État et Saint-Germain-Grande-Ceinture, à partir de 1927.

Elles tractent une à deux voitures dont une voiture pilote, série Bf 9106 à 9115 et 6401 à 6403, pour la réversibilité.

La ZABEyf 23001 , dernière motrice Sprague disponible,  cesse tout service commercial en 1936.

Occasionnellement, l’un des locomoteurs 5000 (renumérotés État BB 001 à 010) circule sur la navette de Saint-Germain en substitution d’une des rames Sprague, y roulant en réversibilité jusqu’à suppression de la desserte en 1937.

Navette de Saint-Germain, locomoteur 5000 en pousse, voiture pilote en tête – Collection particulière.

Navette Saint-Germain-État – Saint-Germain-GC en 1932

Navette Saint-Germain-État – Saint-Germain-GC en 1936


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