
Une voiture A12/2c2/2L2g2B4yi 21 à 24 de la compagnie du Midi (échelle HO).
Par Luc Fournier
Mise en page : Jean-Claude Gendre
Cette voiture, je l’ai vue pour la première fois en photo, d’assez mauvaise qualité du reste, dans la réédition de 1979 du livre de L.M. Vilain sur le matériel du Midi. Sa qualité de voiture de luxe comportant des compartiments lits-toilettes pour la 1re classe et des compartiments ordinaires pour la 2e classe me fascinait mais ma culture et ma documentation ferroviaire de l’époque ne me permettaient pas de restituer les dispositions, que je supposais compliquées, de cette courte série de quatre véhicules.
Elle provient de la réutilisation, en 1930, du châssis de quatre voitures de luxe à portières latérales et intercirculation, construites pour le Midi en 1908. La caisse d’origine est détruite et remplacée par une caisse à accès en bout ressemblant fortement aux voitures de l’OCEM mais à ossature en bois, recouverte de tôles minces. Le Midi recevait, à la même époque des voitures OCEM-RA de même disposition mais avec un compartiment de 2e classe en plus. Ces quatre voitures venaient compléter l’effectif.

Je pensais qu’elles avaient toutes disparues dans les brumes de l’Histoire. Or, je devais rencontrer, en 1989, la dernière survivante en Charente-Maritime sur la ligne touristique Saujon-La Tremblade au « Train des Huîtres« , pas encore « Train des mouettes« . L’association qui effectuait les circulations estivales sur la ligne en question avait tenu à récupérer cette voiture qui servait, à l’époque où la ligne était encore ouverte au service des « marchandises », de bureau ambulant pour l’expédition des huîtres, en fin d’année, aux quatre coins de la France. Elle resta garée à Chaillevette et fut détruite lors de la disparition du « Train des huîtres« . Une voiture historique qui disparaît dans l’indifférence générale, en France, on connaît !
Ce fut une raison supplémentaire pour moi de m’atteler à une reproduction en HO. L’achat de l’album de diagrammes 1937 des voitures et wagons du Paris-Orléans-Midi me permit d’obtenir (enfin ! ) un dessin des dispositions intérieures du véhicule. Je retroussais mes manches et me mis au travail.
Le châssis est construit en plasticard 20/10e sur lequel est contrecollé une feuille de laiton qui fait office de lest. Dans ce châssis sont percés deux trous pour les axes des bogies, lesquels avaient été achetés, en pièces détachées, chez « l’Aiguilleur », à la bonne époque où ce magasin sortait ses voitures Midi ex-Trains Rousseau.

Les bogies type WL équipant ces voitures peuvent se trouver en kit chez AMF87 (réf. A281) ou bien en cannibalisant les « Romilly » (Jouef / De Massini / EPM) ou les voitures TY (Jouef / France Trains).
Les tirants de châssis proviennent d’AMF87 (réf. A 0186) tout comme la dynamo (réf. A 097). Les coffres à batteries sont une récupération du RMA , mais on peut très bien les réaliser en feuille de plasticard 5/10e. Les attelages sont des SYMOBA.
Les tampons sont des tampons d’autorails X 2800 de Mécanic-Trains dont la longueur est légèrement diminuée à la lime. C’est la référence qui m’a semblée le mieux adaptée pour figurer ces tampons rectangulaires disproportionnés, quelque peu « tombants » dont étaient munies ces voitures. Les soufflets et suspentes sont des références AMF87.

La caisse est réalisée en feuille de plasticard de 5/10e. Pour réaliser les fenêtres, j’utilise une technique qui peut sembler archaïque mais me donne satisfaction : j’imprime le dessin des faces latérales de la voiture par photocopie sur une feuille A4 dont le verso est adhésif.
Chaque face imprimée sur la feuille adhésive est ensuite collée sur la feuille de plastique. Une règle métallique, maintenue par des serre-joints est posée au bas des fenêtres. Sur cette règle, je déplace à la main une équerre métallique, elle aussi, et je marque au cutter les découpes verticales des fenêtres. Les arrondis sont marqués par un foret du bon diamètre bloqué dans un mandrin à main.
Les découpes horizontales basses sont effectuées le long de la règle maintenue par les serre-joints et les découpes horizontales hautes, au cutter, avec une petite règle. Une fois ce travail fini, la feuille adhésive est retirée en immergeant la pièce dans un bain d’alcool à brûler.
Avec quelques limes métalliques et limes à ongles, on rectifie le profil des fenêtres si besoin dont le dessin est matérialisé par des couvre-joints en profilés Evergreen réf 110-L1. Les arrondis correspondant aux angles supérieurs des fenêtres sont formés à chaud (fer à température réglable) au moyen d’un outil de ma fabrication.

Les couvre-joints de bas de caisse sont fabriqués en profilés Evergreen réf 100. Comme je suis très fainéant, les extrémités de la caisse correspondant aux plateformes d’accès et aux dossiers ont été récupérées sur une caisse de voiture France-Trains OCEM-RA achetée dans une bourse d’échanges et collées à chaque bout.

J’ai suivi la même logique du moindre effort pour l’aménagement intérieur. La partie 2e classe est confectionnée à partir d’un aménagement intérieur de voiture OCEM France-Trains, acheté en bourse d’échanges, de même que le seul compartiment de 1re classe, équipé de banquettes.
Pour les compartiments « de nuit », les couchettes sont taillées dans du plasticard de 1/10e, la literie étant figurée par un petit rectangle de depron et les draps par du PQ … J’ai même reproduit, un peu pour le « fun », les lavabos des compartiments lit-toilettes.
Les portes côté couloir proviennent d’un aménagement intérieur de voitures lits-toilettes PLM de France-Trains et, côté 2e classe, ont été réalisés avec les moyens du bord avec de la feuille de plastique et des profilés Evergreen.


La toiture est réalisée à partie de deux toitures de voitures CIWL Jouef des années 60, trouvées en brocante, mises à la dimension bout à bout. Il faut enlever à la fraise toutes les bandes de rivets (très ch…) et ensuite poncer au papier enduit à l’eau de plus en plus fin pour obtenir un résultat parfait. Les supports de ligne de toiture sont réalisés avec deux profilés Evergreen contrecollés, l’un, plus petit que l’autre reçoit la ligne de toiture proprement dite en fil de laiton de 4/10e. Deux aérateurs Chanard (AMF 87) sont fixés au droit des WC. La toiture est maintenue sur la caisse par deux rectangles en plasticard de 10/10e, collés verticalement et qui s’enfoncent dans l’espace entre compartiments et plates-formes d’accès.



La voiture est peinte à l’aérographe à la peinture Tamiya X5 qui me semble très proche de ce vert foncé légèrement bleuté qui correspondrait ( ? ) aux voitures du PO puis du PO-Midi. Les décals sont une référence AMF87 (D 622). les compartiments de 2e classe sont peints en couleur chêne tandis qu’un marron chaud ( ! ) est choisi pour la 1re. Toiture et châssis en noir mat.
Voici une voiture qui pourra être intégrée dans une rame courte à destination d’une station de villégiature de mer ou de montagne avec une voiture type Midi de l’Aiguilleur (pour les chanceux qui en ont …) ou des OCEM France-Trains. Ces rames peuvent également faire intervenir les matériels listés dans le tableau ci-après.
Marque | Référence | Type | Epoque | Remarques |
---|---|---|---|---|
REE Modèles | VB-274 VB-275 | A3B5 OCEM-RA Midi A3B5 OCEM-RA Midi | II | N° 3020 N° 3034 |
REE Modèles | VB-079 VB-260 | Ambulant postal OCEM Midi Ambulant postal OCEM PO | II | Longueur 21,60 m |
LS Models | Set 40200 | Mixte A3B5yfi PO-Midi 1935 2 x C10yfi PO-Midi 1935 | II | |
R37 | HO42241 | B9yfi PO-Midi | II | |
Hornby-Jouef | HJ4047 | A3B5 OCEM-RA ex-Midi | IIIa | À passer époque II |
La traction pourra être assurée par une BB 4600 Roco , une BB 4700 Piko ou une BB 1600 Electrotren, ces locomotives devant être « midifiées » … Une opération que je tenterai peut-être un jour et dont je vous tiendrai informé …